Antoine Bondu
Autrice : Fanny Hugot-Conte
Originaire de la région bordelaise, Antoine Bondu a grandi sur les longues plages de la côte atlantique. Sur les digues de béton, il a constaté la morsure du sel tout autant corrosive que l’intervention de l’Homme sur son environnement. Son atelier est également le lieu de cette confrontation entre naturel et artificiel. Sorte de laboratoire expérimental il y mène une réflexion par le faire. Les œuvres s’y développent dans un environnement favorable à l’expression de phénomènes naturels agissant sur la matière. En quête de réactions de la part des matériaux, il les étudie dans un premier temps, puis les met en conditions, et enfin constate ce qui advient.
Le béton, élément récurrent dans le travail de l’artiste, témoigne sans doute en filigrane de l’exploitation des ressources naturelles par l’Homme et présage dans le même temps du caractère autodestructeur de ses actions. Que ce soit par l’infiltration du sel ou par l’écrasement d’un rocher, ce symbole de notre société productiviste, fait face à un ébranlement méthodique. Car en effet, régulièrement dans son travail, Antoine nous pousse à remettre en question ce que l’on aurait trop tendance à considérer comme étant immuable et en souligne au contraire le caractère éphémère.
Dès lors il s’appuiera sur une variable essentielle dans son travail : le temps. Passé, présent et futur s’y entremêlent, évoquant tantôt la nostalgie des ruines, tantôt une archéologie imminente.
Le temps affleure à la surface.
La destruction du béton, la dégradation des constructions humaines, l’effacement de la valeur monétaire ou la disparition de la sémantique, sont autant de processus qui s’expriment de façon progressive dans le temps, à des échelles qui le plus souvent nous dépassent, mais qu’Antoine parvient pour autant à faire glisser dans nos temporalités. Et de ces projections sensibles, sans doute nous laisse-t-il entrevoir l’évanouissement déjà initié de l’Homo disparitus¹.
1. Du même titre que l'essai du journaliste américain Alan Weisman.