Dosung Kim
Auteur : Geoffrey Chautard
La production artistique de Dosoung Kim est intrinsèquement liée à sa vie, à son parcours en tant que jeune exilé coréen sur le sol français. C’est un récit autobiographique situé à la lisière entre mémoire individuelle et mémoire collective ; entre les souvenirs personnels et les symboles historiques.
Modestement, par nécessité le plus souvent, le travail de Dosoung ne requiert pas d’espaces, d’outils ou de matériaux spécifiques pour se réaliser. Son corps constitue sa première ressource. Il le met régulièrement en jeu lors de ses performances, vidéos ou installations.
Ce corps, c’est celui d’un jeune homme dans l’impossibilité de pouvoir se retourner.
— C’est un corps qui attend son tour pour un titre de séjour —
Un corps qui imprime celui des autres qui, comme lui, attendent.
Alignés sous les larges fenêtres sans teint de la préfecture, ils attendent, ils espèrent, rêvent, trépignent, perdent patience, se battent, aussi, parfois.
Dosoung attend, observe et prend note.
Il lève les yeux en direction de Marianne. Visage familier.
Visage de la République française ; visage de façade — façades de bâtiments décrépis.
Sous les traits de sa figure écaillée, la célèbre devise essoufflée :
Liberté, Égalité, Fraternité
Symbole-symbolique, tirade réduite à sa simple performativité tant l’écart est grand entre la promesse annoncée et la réalité vécue. Cette réalité, c’est celle d’un demandeur d’asile en quête d’un nouveau départ, d’une vie censément meilleure que celle qu’il laisse derrière lui.
Dosoung témoigne. En prenant la parole il prend le pouvoir et oriente notre regard dans l’angle mort où il agit en tant qu’artiste.