Célia Cassaï
Autrice : Fanny Hugot-Conte
À l’heure où nos modes d’existence bouleversent l’équilibre naturel des choses, dans le vacarme des mondes qui s’écroulent, Célia traverse les villes, les forêts, les campagnes et nous rappelle qu’il est possible de s’arrêter et d’offrir une profonde attention à ce qui nous entoure. Parmi les chemins qu’elle emprunte, elle nous invite à prendre celui qui nous mène à la rencontre des beautés naturelles, de celles qui raniment nos sens et notre curiosité, de celles dont on avait presque omis l’existence.
Noter ces choses au détour d’une promenade, au-delà d’entrer dans un état contemplatif, relève d’un acte de considération et de profond respect pour ces dernières. Dans son atelier-laboratoire, les souvenirs de ses balades – des chatons de noisetiers, une collection de graines aux formes diverses, des bouquets séchés suspendus pour certains figés dans une épaisse cire jaune. Célia observe les cycles des saisons, des récoltes, des chantiers avec acuité et l’on trouve dans ses œuvres, en plus d’une compréhension de la nature et du vivant, la confession du sentiment d’estime sincère qu’elle leur porte.
Témoin de l’exploitation des ressources, de la destruction d’habitats, de la pollution des sols, de l’air et de l’eau, Célia renverse les rapports de domination et exprime dans ses installations la vigueur, la puissance créatrice de phénomènes naturels et l’adaptation des espèces, nous rappelant que chaque être vivant a sa place légitime et un rôle à jouer.
En acceptant l’inconstance du vivant elle appelle à la mutation de nos regards, de nos manières de créer et de vivre. C’est dans cette relation consciente et engagée que l’artiste fait l’éloge d’une nature mouvante, soumise aux changements et qu’elle en révèle la puissance génératrice.
« C’est de ces cendres que ces feuilles naissent, par le feu. »
Ainsi peut-être conjure-t-elle à sa manière la mélancolie chez quiconque porte attention à l’état du monde actuel.