Ahram Lee, Lécher la peau de la pastèque 수박 겉 핥기

Château de Servières, Marseille

Auteur : Geoffrey Chautard

 

Ce que l’on jette, ce que l’on oublie,

Les choses éphémères, insignifiantes, dépourvues d’intérêt — sans valeur.

Ces situations, ces personnes, ces objets, ces formes, ces odeurs, ces matériaux qui grouillent silencieusement dans notre quotidien et pour lesquels on ne prête que trop peu d’attention.

Elles n’ont pour elles que leur présence, leur omniprésence ; elles sont là. Elles existent. Et ce, y compris au-delà de nos propres considérations.

La production plastique d’Ahram semble pouvoir tenir dans cet étroit sillon entre ce que nous voulons voir et ce qui est manifestement présent.

Cette sensibilité aiguë à l’égard du réel constitue la principale force de proposition de l’artiste.

Ahram pose des objets, elle les dispose, les organise — elle installe.

L’artiste produit un environnement favorable à ce qui, trop souvent, nous indiffère, voire nous indispose. L’espace d’exposition se fait caisse de résonance, chaque oeuvre rentre en écho avec la suivante, et forme ainsi un corpus harmonieux.

Pour que sa sensibilité nous parvienne, l’artiste se fait traductrice de tous ces signes discrets aux travers de performances et d’indices gravés et sonores laissés après son passage dans la galerie. S’il s’agit bien ici d’une exposition personnelle, Ahram draine avec elle les multiples présences qui l’entourent et composent indirectement son œuvre.

Elle est en retrait, comme pour mieux laisser la place aux spectateur·rices de s’approprier son travail.

Une question s’impose alors à nous-même : que reste-t-il ?

Crédits photographiques : ©Pourparlers

Précédent
Précédent

Ines Assoual, Contrapposto

Suivant
Suivant

De l’eau dans les paumes